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Rentrer à la maison: La roue de la Vie


"Sans plus de préparation, nous parvenons à l’étape de l’après-midi de la vie. Pire encore, nous franchissons cette étape avec la fausse croyance que nos vérités et idéaux nous serviront comme ils l’ont fait jusqu’à présent. Mais il est impossible de vivre l’après-midi de la vie selon le programme du matin de la vie, car ce qui était grand le matin sera petit le soir et ce qui était vrai le matin, sera devenu un mensonge le soir."

Carl G. Jung

Ces dernières années, le monde s’est mis à changer à une vitesse jamais égalée. Si vous suivez les cycles, vous avez très certainement déjà entendu parler de l’ère du Verseau, vers laquelle nous nous dirigeons.

Nous sommes en période de transition, et une transition est une phase incertaine dans l’évolution, une étape nécessaire avant d’accéder à un autre état.

Nous voici aujourd’hui au bord d’un monde qui nous est totalement inconnu et dans lequel il nous faut chaque jour trouver nos repères, rapidement !

Car ce qui nous semble sûr, concret et stable aujourd’hui, demain ne le sera plus. Même si l’Homme a tout fait pour arriver à trouver et à maintenir une idée de permanence autour de soi et en soi, il a oublié le principal ; nous ne sommes pas des murs faits de béton, nous ne sommes pas des statues immobiles sans âme et esprit.

Nous sommes la Nature et à elle nous appartenons. Tout comme elle, nous sommes faits de matière et nous sommes amenés à naitre et à mourir, à grandir et à vieillir, à tomber malades et à nous guérir…

Tout comme elle, nous faisons partie du Cosmos et de son éternelle métamorphose.

Et dès notre naissance, nous initions une cavalcade à travers la roue de la vie. Une cavalcade qui s’accélère au fur et à mesure que nous grandissons, au fur et à mesure que nous extériorisons et manifestons les envies, désirs et idéaux, que nous pensons, nous rendront pour toujours heureux et apaisés. Qui n’as pas encore dit : « quand j’aurais acheté ma maison alors je me sentirais vraiment heureux (se) », ou « quand je trouverais la personne qui est faite pour moi, alors je pourrais me sentir revivre », ou encore « quand je serais en train de travailler dans un domaine qui me correspond totalement, alors je serais totalement apaisé(e) ».

Et puis nous avançons de manière à aller vers les buts que nous nous sommes donnés, emplis d’une naïveté touchante, mais qui n’est pas moins excitante ; elle nous porte et nous aide à aller de l’avant, à construire, à découvrir.

En arrivant à la moitié du cycle, on regardera en arrière et certains d’entre nous, se rendront compte que les relations idéalisées sont passées, que le travail n’a pas rempli (ou plus) ses promesses, que la maison tant voulue ne suffit plus à nous mettre en joie, etc., mais surtout, si nous sommes assez lucides sur nous-mêmes et notre cheminement, nous verrons que nous aurons passé la moitié de la vie à vouloir uniquement vivre à l’extérieur de nous-mêmes, à la recherche de matière extérieure pour combler le vide intérieur, qui d’avoir été délaissé, criait déjà.

Mais nous nous rendrons compte aussi, que nous avons vécu sans une grande partie de ces choses que nous convoitions ou avec leur éphémérité ; certaines ce sont réalisées, mais ne sont pas restées, d’autres se sont concrétisées, mais en dessous de nos attentes.

Mais tout cela est nécessaire ; il est d’ailleurs impossible de faire autrement, car cela fait partie du processus de croissance.

Et pourtant, nous sommes toujours là, nous avons réussi à traverser les transitions et moments provisoires, nous avons vécu des instants de joie et de beauté, alors, ne serait-il pas venu, le temps de (individuellement et collectivement) faire la paix avec l’impermanence, car c’est bien cela qui nous fait, d’une certaine manière, vivre. C’est bien l’impermanence qui est à la genèse et à la fin de toute chose, non ?

Quand la moitié du cycle a été atteinte, vouloir continuer à construire au-dehors sans donner maintenant la priorité à l’intérieur nous égarera.

Car à la moitié du cycle nous reprenons le chemin du retour ; on va rentrer à la « maison ». Le mode opératoire connu et appliqué jusqu’à lors va être amené à changer. Nous devons nous préparer à cela. Dans la première partie du cycle, nous nous sommes éloignés le plus possible de nous-mêmes pour nous perdre de vue, mais ainsi va le paradoxe de la structuration. Maintenant, le cycle nous appelle à nouveau, et cette fois-ci nous revenons vers nous, vers le point de départ, vers la source à partir de laquelle nous nous sommes lancés dans le monde. Nous allons prendre le chemin du retour avec ce que l’on a appris et construit.

Mais nous sommes différents et le rythme a changé, ce n’est plus une cavalcade, même si par moments on ressentira encore cette pulsion de vie qui nous amène à penser que nous n’avons plus le temps. Mais si vous y réfléchissez, le temps est l’unique chose que vous avez véritablement et que vous contacterez de plus en plus, dorénavant. Le temps présent. Pour donner plus de place à ce qui compte et à ce qui a fait surface, aujourd’hui.

Qu’avons-nous construit à l’intérieur ? Nous avons traversé la moitié de la vie à regarder au-dehors et nous avons oublié l’intérieur, le vivant, le présent !

Mais sommes-nous, maintenant, prêts à cohabiter avec notre intérieur ? Avec nos vides et nos pleins…

Dans cette danse avec la nature, les rythmes et les cycles de la vie, parfois nous croyons avoir fait des erreurs par le passé et que nous tentons par tout moyen de rattraper. Nous nous noyons, alors, dans quelque chose qui a fait son temps et qui ne doit plus être la priorité. Ce qui est fait est fait, nous ne pourrons que croitre et construire à partir de cela. Car tout est parfait comme c’est, tout se manifeste et s’est déroulé comme cela devrait l’être, même si cela ne plaît pas à notre égo ou que cela nous a fait mal.

L’ère du Verseau vers laquelle nous marchons sera certainement de plus en plus changeante et nous amènera à vivre différemment l’intelligence émotionnelle, telle que nous la connaissons aujourd’hui, pour arriver à cohabiter avec l’intelligence artificielle. Il nous faudra arriver à trouver la juste mesure dans le nombre, toujours croissant, de possibilités. Et être capable de faire des choix qui ne nous éloigneront pas totalement de notre nature première. Mais tout ère a, a eu et aura, ses bons et mauvais côtés, et celle-ci ne sera pas une exception à la règle.

Toute la difficulté que nous rencontrons en cette période transitoire de ce cycle universel que nous avons la chance de vivre maintenant, est celle d’arriver à trouver une nouvelle résonance entre qui nous étions et qui nous serons.

Le challenge qui nous attend est celui de ne pas oublier d’où nous venons, qui nous sommes dans notre for intérieur, de ne pas oublier notre point de départ, notre source, notre « maison », car il va nous falloir y retourner un jour…

Et comme à chaque fois, cela ne peut commencer que par l’attention que nous continuerons de porter à l’union des polarités qui nous rendent humains et vivants : nos émotions vs l’indifférence ambiante, nos propres rythmes de vie vs ceux imposés par la société, notre vie intérieure vs notre vie extérieure, etc. Chacune des parties aura son mot à dire et une harmonie devra être, sans cesse, en cours d’ajustement.

Où que vous soyez dans votre cycle personnel de la roue de la vie, rappelez-vous que vous faites aussi partie d’un autre cycle (de bien d’autres), bien plus large, moins tangible et visible, certes, mais pas moins vivant et important pour la continuité du Tout.

Quand on commence à travailler sur soi, après les premières étapes personnelles franchies, il nous faut comprendre que ce n’est pas une faveur ni une œuvre que nous accomplissons dans un but uniquement égocentrique, mais c’est aussi, au-delà de la dimension personnelle, que nous sommes en train de contribuer, à notre niveau, à l’évolution collective. Sans cette compréhension, des rigidités pourront apparaitre et la focalisation sur le moi nous éloignera de notre propre croissance, alors que nous relier au Tout nous grandit, nous verticalise.

Mieux vivre en ce 21e siècle est surtout, je pense, en grande partie lié à l’intelligence spirituelle de l’ère du Verseau qu’il nous faudra intégrer pour vivre le lien existant entre notre dedans personnel (qui est ombre et lumière) et l’inconscient collectif et comment cela conduit, ensuite, à la transformation de la conscience collective.

Cela passe, en partie (à notre niveau personnel) par l’acceptation de la roue de la vie telle qu’elle est, de manière à emprunter le chemin du retour en paix avec l’idée d’équilibre et de déséquilibre (tous deux importants), que la société essaye de nous faire oublier, ne gardant et ne se préoccupant que de l’une des parties, nous amenant à refouler ce qui nous déstabilise. De cette prise de conscience-là, les opposés que l’on accepterait de regarder en face nous permettraient alors, de relier le dedans et le dehors dans un acte créateur et évolutif. Mais même ceci est un processus qui ne sera jamais terminé ; c’est un processus en évolution perpétuelle, tout comme le cosmos.

Car nous sommes création, nous sommes impermanence et c’est grâce à elles que nous continuerons à nous engendrer. Nous sommes le chaos et nous sommes l’ordre, le dedans et le dehors, l’ombre et la lumière, le Yin et le Yang qui nécessitent de se regarder sans cesse pour découvrir ce qui les unit, ce qui les rapproche, ce qui les met en interrelation.

Sofia Barão

Texte paru dans Holistik Magazine n°7 "Mieux Vivre"

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